À partir des modèles narratifs du conte de Wladimir Propp, d’Étienne Souriau, de Claude Brémond et des description linguistiques de Émile Benveniste,
le sémioticien Algirdas Julien Greimas produit un modèle simplifié d'analyse du récit : le schéma actantiel.
Il nous permettra de « regarder » (représentation, schéma) un récit comme un « principe orienté » (analyse, concept) : un sujet projette, et la réalisation de ce projet sera plus ou moins facilitée...
Ainsi il définit six actants qui sont l'extrapolation d’une structure syntaxique (structure grammaticale de la phrase).
Chaque actant est donc identifiable à un élément qui assume dans le récit une fonction narrative comparable à une fonction syntaxique dans la phrase :
- parce que le Destinateur veut (Compl. circ. de cause),
- le Sujet (S) doit vouloir l’Objet (COD) pour le Destinataire (Compl. d'attribution)
- avec l'aide de l’Adjuvant (compl. circ. de moyen) et malgré l’Opposant (compl. circ. de concession)
soit sous forme fonctionnelle :
D1 | → | S | → | D2 |
---|---|---|---|---|
A | → | S/O | ← | Op |
Actant plutôt qu'acteur ou personnage, car un actant n'est pas seulement identifiable à une personne : il peut être un animal, un objet, une abstraction (un sentiment, des valeurs)...
Heureusement pour la richesse des récits, les actants glissent d'une catégorie à une autre en cours de narration : ainsi un Sujet peut trahir (intentionnellement ou non) sa cause, un Adjuvant peut devenir (intentionnellement ou non) un Opposant. C'est aussi ce qui fera la richesse des schémas... et de l'analyse.
Diverses façons de représenter les schémas actantiels existent. Nous en proposons trois : formes linéaire, heuristique ou tabulaire. La meilleure est celle qui permet, pour son concepteur / lecteur, le plus grand pouvoir évocateurs
de l'extrait ou de l'œuvre analysée.
Bel-Ami, Le Petit Chaperon rouge, Ubu... : à vous de voir et de créer....
Avec Georges Polti ("36 situations dramatiques") et Claude Brémond (qui parle ici de « structure polémique ») nous pouvons faire ressortir les enjeux (problématiques) du récit :
À partir de l'étude des personnages, de leurs rôles et des tensions qu'ils créent dans le récit, il s'agit ici...
Les structuralistes ne s'intéressent pas « primairement au rôle, mais plutôt au système qui exprime le sens du rôle » (la distribution des rôles)... Ainsi
l'approche du schéma actantiel (codage du processus narratif) peut être utile pour construire des modèles de signification de symboles (autour des actants), mais ne peut pas vraiment
rendre compte de modèles de compréhension des actions (modalisation des actions : Qui influence qui ? Intentionnellement ou non ? Pourquoi ? Pour quelle satisfaction ?).
« Dans le cadre du récit on ne s'intéresse au fond pas au raconté » (pour quoi veut-on réussir ce projet ?),
« mais à une structure profonde imaginaire du texte lui-même » (une structure de rôles en action).
C'est pour compenser cela que nous vous proposons, avec chaque shéma, une analyse des tensions entre les actants (▼ Analyse et problématisation ; prise interprétative).
(pour approfondir le sujet)
L'Analyse transactionnelle (AT) avec Éric Bern propose une approche d'analyse de la personnalité
et de son développement à travers une théorie de la communication (transaction) entre les personnes...
De là à en faire une pratique pour l'analyse des relations entre des personnages, il n'y a qu'un pas... que nous franchissons, d'autant que nous y trouvons au moins un système d'analyse des intentionnalités d'un « agent » et d'un « patient » (pour utiliser la terminologie de Brémond).
Par qui, pour quoi, comment vont se jouer les rôles d'influenceur, d'améliorateur, de dégradateur, de protecteur et de frustrateur ? Nous en avons ici une autre approche.
Le triangle dramatique (ou S.V.P.) de Karpmann
et l'analyse des « jeux » qu'il induit peut devenir un outil d'analyse pour les personnages de fiction.
Dans le scénario livresque, les personnages sont installés dans des rôles de Sauveur, Victime ou Persécuteur qu'ils habitent alternativement
tout au long de la progression du récit, créant ainsi les tensions narratives, tendues vers leur aboutissement (im)prévisible.
(Attention aux majuscules : les victimes, sauveurs et persécuteurs sont des personnages qui habitent les rôles de Victime, Sauveur et Persécuteur)
Aucun des rôles joués n'est définitif : chaque personnage (deux ou trois) peut habiter tour à tour l'un de ces rôles et donc en changer (image du moteur rotatif) :
Bel Ami (Maupassant) : incipit du début à « ...Forestier tendit les deux mains »
Dès l'incipit, Georges Duroy incarne ces rôles qui créent les tensions premières : nous pouvons rechercher les embrayeurs tensifs du récit.
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Tout est possible dans cet agencement de rôles entre Victimes / Sauveur / Persécuteur, et l'analyse du récit peut s'en enrichir :
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(en cours de rédaction)
Il a été développé par Greimas et Rastier.
Le projet de ce schéma d'analyse repose sur l'enrichissement d'un jeux d'oppositions binaires (Vécu/Utopie) à un jeux d'oppositions plus large
(Vécu/Utopie ⇨ Réalité/Fiction ⇨ Réalisme/Dystopie...) qu'il faut inventorier afin de déboucher sur
''un réseau de concepts et une représentation visuelle de ce réseau'' (Louis Hébert).
Les deux termes de départ (1 et 2, « termes en relation de contrariété » Vécu/Utopie) vont permettre de poser d'autres termes (3 et 4 Réalité/Fiction) afin d'élaborer des concepts (« métatermes » C, D, E...) qui seront l'enrichissement des quatre premiers termes (Fantastique, Roman, Réalisme, Rêve...)
Approche des ''métatermes'' (qui pourront être le point de départ - les termes - d'un nouveau carré sémantique : ces termes produits sont en gras et commencent par une Majuscule).
Lors de l'analyse d'un texte par exemple, il s'agit de témoigner de la productivité des termes inventoriés et ''métatermes'' produits.
L'analyse de chacun de ces ''métatermes'' permettra d'envisager :
Attention :
les carrés sémantiques Vrai/Faux et Être/Paraître (les carrés véridictoires)
interrogent fondamentalement tout récit mais aussi toute analyse issue d'un autre carré sémantique...
Un Ennéagramme est une représentation symbolique qui « prend la forme d’un cercle divisé en neuf par des points, reliés entre eux dans un certain ordre par neuf lignes ».
Avec un ennéagramme se dessine une carte de la psyché et des caractères humains. Son projet est donc de proposer à chacun une voie de
connaissance de soi en situation et de proposer une voie de développement personnel...
Nous ne dirons rien ici de la « valeur scientifique » des déductions de cette approche.
Mais il peut-être tentant d'étudier les talents et les potentialités des personnages de fiction à travers ce filtre qu'est l'ennéagramme : des mots pour caractériser l'attitude de personnages, c'est parfois bon à prendre pour une analyse du récit...
(en cours de rédaction)
(en cours de rédaction :
vocabulaire de l'ennéagramme insuffisant pour l'étude psychologique minutieuse d'un personnage,
juste une idée de départ pour faire une recherche et obtenir (reconstruire) l'identité lexicale du personnage
l'analyse correspond à une demande plus fouillée et justifiée (sensibilité, compétence, « air de », activités, intertextualité...)
voir le portrait de Vautrin )
(NB : Les liens externes sur cette page étaient valides en nov. 2014)
L'étude des type de caractères, la caractérologie de G. Heymans, D. Wiersma, développée et vulgarisée en France par René Le Senne (Traité de caractérologie - 1945).
Ces travaux sérieux de l'école de Gröningen, tombés en désuétude quant à la psychothérapie (mais pas dans les magazines dits « féminins » :c), offrent pour l'étude des récits, un ancrage sur le type de caractère des personnages en présence, et du vocabulaire pour analyser, caractériser ces personnages.
Une typologie de huit profils (caractères) combinés à partir des trois propriétés fondamentales et leur contraire : l'émotivité, l'activité, la spontanéité (ou le retentissement des représentations - primarité/secondarité). La caractérologie est encore un outil d'analyse usité en graphologie...
Peut-on ranger nos personnages dans huit tiroirs ? Une aide à la description (portrait) ?
À vous de voir...
L'émotif (Capacité à être fortement ému par un événement) | Le non émotif (Vie affective moins intense, stabilité émotionnelle) | |
---|---|---|
Actif (très réactif : énergie vivement libérée par l'émotion ) | Représentation | |
Spontané (primaire) : le colérique (EAS)
| Spontané (primaire) : le sanguin (nEAS)
| - EAS : Bel Ami - nEAS : Valmont |
Non spontané (secondaire) : le passionné (EAnS)
| Non spontané : le flegmatique (nEAnS)
| - EAnS : La Merteuil - nEAnS : Maigret |
Non-Actif (réceptif) | Représentation | |
Spontané (primaire) : le nerveux (EnaS)
| Spontané (primaire) : l'amorphe (nEnAS)
| - EnaS : Clappique - nEnAS : Meursault |
Non spontané (secondaire) : le sentimental (EnAnS)
| Non spontané : l'apathique (nEnAnS)
| - EnAnS : Saint-Preux - nEnAnS : Charles Bovary |
Une typologie permet sûrement de rechercher une logique aux attitudes (physiques et mentales) du personnage, de pointer des
différences dans son comportement : bref, elle devrait permettre d'inciter à l'analyse du système narratif qui construit
et justifie le comportement logique de ce personnage.
« Le dramaturge ou le romancier disposent à leur gré des circonstances propres à révéler un caractère tel qu'ils l'ont conçu ;
ce caractère sera tenu pour vrai s'il est plausible et non pas s'il est plus ou moins conforme à des exemplaires plus ou moins
courants; il doit donc présenter une sorte de cohérence intime. Cohérence qui n'exclut pas les changements ou les contrastes et
dont la diversité, de source surtout imaginative, est la raison du grand profit que l'observateur peut trouver à fréquenter des
personnages de fiction. Ils lui apprennent à diversifier les ensembles qu'il est capable de découvrir dans la réalité.
Ils lui sont un stimulant et lui suggèrent des possibilités. »
« D'où vient la supériorité habituellement accordée aux créations de Shakespeare, de Molière, de Balzac, de Tolstoï sur
celles de la caractérologie scientifique ? De ce que tout y est subordonné à l'essentiel, c'est-à-dire à l'indissociable union
du sujet avec les circonstances qui suscitent ses actions, et de ses actions avec le destin qui se poursuit en lui. »
(en cours de rédaction :
vocabulaire de la caractérologie insuffisant pour l'étude psychologique minutieuse d'un personnage,
juste une idée de départ pour faire une recherche et obtenir (reconstruire) l'identité lexicale du personnage semée par l'auteur au cours du récit
l'analyse correspond à une demande plus fouillée et justifiée (sensibilité, compétence, « air de », activités, intertextualité...)
voir le portrait de Vautrin )